Ma pratique est un lien, un pont. C’est du mixage. Elle est en rapport avec le fait d’avoir un pied ici et un pied ailleurs. Elle est conditionnée par mon bilinguisme. Elle est attachée au fait de savoir mélanger, de se mettre face à face, de remuer, d’opposer, d’unir, de joindre.
C’est-un-tiret.
Ma pratique est entrelacée. Elle est unie-collée-reliée à l’affection, aux choses qui sont chargées de sens, qui ont un poids. Elle est en rapport avec le fait de savoir compter, de soupeser, de mesurer, d’apprécier. Elle s’agit de savoir donner une valeur, de compter autrement, de revaloriser, d’échanger, de troquer, d’offrir, de transmettre, de concéder, de dédier.
Mon travail est lié à la gestion de la vie, à l’attention que je porte aux modèles économiques, à ceux que l’on connaît et ceux dont on rêve.
Mon activité est en accord avec mon échelle, à la mesure de ma main. C’est un univers à la proportion de mon corps.
Mes formes sont en rapport avec l’espace, avec le territoire, avec les bords, avec les frontières. Elles sont démarquées par mon corps. Elles sont en communion avec les espaces qu’on connaît, mais aussi avec ceux que l’on ignore. Les territoires qui ne nous appartiennent pas parce qu’on ne les a jamais habités. Ceux que l’on visite parfois. Ceux que l’on ne parcourt jamais. Ceux que l’on rencontre dans les lectures. Ceux que l’on découvre avec la pointe des doigts. Les espaces de l’espace. Les géographies modifiées. Les rares, les désaffectés, les imaginés, les surprenants.
Mes formes ont une correspondance avec la force qu’un espace exerce sur un individu, sur un mouvement, sur un rythme. Elles sont en connexion avec les tensions de l’espace et du corps. Elles sont dépendantes des traces laissées par un corps dans l’espace.
Mon travail est enchaîné à l’histoire. Aux récits des espaces, à la mémoire des corps, aux vestiges des mouvements, aux indices des rythmes.
Mes histoires témoignent de mes conversations avec les autres, de ce que j’écoute à la radio, de la musique aussi. Mes sujets sont des phrases qui ressortent de ce que je vois, de ce que j’habite.
Ma pratique est à la recherche du sacré, du magique, d’une façon différente d’appréhender le monde. Le monde qui est si proche mais qui est si filtré par des écrans. Un monde indéchiffrable. C’est la quête d’un sacré-possible.
Mon engagement est en connexion avec l’économie, avec l’affection, avec les espaces, avec les corps. Mon engagement est sacrément ordinaire et ordinairement sacré.
Mes actions prennent comme ressource l’économie des choses, l’économie des mouvements, l’économie des rythmes.
Mes économies sont attachées à mes passions, aux espaces chargés d’affection et aux espaces qui n’ont plus d’affection, les abandonnés.
Mes objets sont des produits de mes économies, de mes territoires, de mes mouvements, de la géographie, des rythmes, de mes histoires d’amour, de la temporalité, des frontières, des habitations, de mon corps, de mes traces, des travaux, du don, du savoir compter.